Télétravailler plus pour vivre mieux ?

L'équipe WEMEAN

Au lendemain de la crise mondiale du coronavirus, la méthode du télétravail semble plus que jamais apparaître comme une solution efficace face aux nouveaux enjeux, tant sanitaires qu’environnementaux. Un changement radical qui demandera une modification profonde du fonctionnement des entreprises.

7 % : c’est le pourcentage de Français qui déclarait avoir recours au télétravail dans une enquête réalisée par la Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistiques (DARES), en décembre 2004.

Seize années plus tard, avec l’essor d’internet et l’arrivée de nouvelles technologies, ce chiffre a plus que quadruplé. Une récente étude faisait état de 29 % de salariés (5,2 millions d’individus) qui affirmaient avoir désormais recours au télétravail de façon occasionnelle ou régulière, dans le cadre de leur emploi (Etude Malakoff Mederic 2nde édition, télétravail : regards croisés salariés dirigeants, 2019). Une augmentation significative qui s’observe également d’une année à l’autre puisque cette même étude mettait en exergue une augmentation de 700 000 télétravailleurs (occasionnels et réguliers) de plus entre 2018 et 2019.

Une pratique en voie de développement

Si cette pratique tend à se généraliser au fil du temps en France, peu de salariés possèdent à ce jour, un contrat les obligeant à réaliser des tâches de travail en télétravail. Selon l’étude de Malakoff Mederic, ils ne sont en effet plus que 6 % à déclarer pratiquer le télétravail de façon contractuelle.

Un engouement remarqué mais finalement encore peu ancré dans les moeurs françaises. Un phénomène que l’on peut en partie expliquer par le manque d’action de la part de l’État français dans le domaine de l’innovation numérique ; véritable tremplin pour la mise en place du télétravail. La France ne se classe en effet que 16 ème au classement mondial de l’innovation 2019, loin derrière les meilleurs élèves du peloton de tête que sont les États-Unis, la Suède, les Pays-Bas ou le Royaume-Uni.

Pourtant, si depuis plusieurs années le télétravail fait parler de lui dans l’hexagone sans réussir à s’imposer concrètement dans les habitudes de travail, la crise sanitaire du coronavirus a, d’un coup d’un seul, donné une importance toute particulière à cette façon de travailler. Longtemps jugée comme simplement accessoire, voire utopique.

Cette nouvelle forme du travail qui représente un changement radical des habitudes tant pour les salariés que pour les dirigeants, incarne pour certains, les nouveaux enjeux du monde de l’entreprise de demain.

Télétravail : vers un nouveau monde du travail ?

Apparu dès les années 1950 outre-Atlantique, le télétravail s’est lentement développé au fil des avancés technologiques. Au XVI ème siècle, après une crise sanitaire mondiale sans précédent dans l’histoire contemporaine du capitalisme, et alors que l’humanité prend de plus en plus conscience du défi climatique auquel elle est confrontée, le télétravail semble apparaître comme l’une des solutions les plus judicieuses.

D’un point de vue sanitaire d’abord, le télétravail permet de mieux gérer la question de la distanciation sociale afin d’éviter de nouvelles crises liées à un virus qui se propagerait de nouveau dans une population. Cette nouvelle méthode de travail présente également des avantages sur le plan environnemental, puisqu’elle réduit les déplacements de millions d’individus, divisant dès lors les émissions de gaz à effet de serre produit chaque jour. La limitation des déplacements en voiture, mais aussi en avion grâce aux réunions en téléconférence, pourrait également permettre de réduire drastiquement l’impact de l’activité humaine sur le climat.

Conséquence pour les entreprises, ce nouveau mode de travail bouscule les repères classiques de son organisation, que ce soit en termes de temps, d’espace d’accueil, ou d’action.

L’entreprise de demain, avec moins d’employés à accueillir, pourrait par exemple délaisser les traditionnels open spaces nés dans les années 90, pour des flex offices : des locaux qui possèderaient moins de bureaux que d’employés. Résultat : plus besoin de posséder une place pour chaque personne. Cette réorganisation de l’entreprise rendue possible grâce au télétravail pourrait permettre aux entreprises de réaliser d’importantes économies, puisque le loyer des locaux représente traditionnellement le deuxième poste de dépenses le plus élevé, après celui des salaires.

Une population qui reste à convaincre

Dans sa chronique en deuxième partie de l’émission Quotidien (sur TMC) du jeudi 4 juin 2020, le journaliste Azzedine Ahmed Chaouch faisait mention d’un étonnant paradoxe. Cités par Les Échos et France Inter, deux sondages du célèbre institut Opinion Way venaient, à quelques jours d’intervalle, se contredire. Le premier des deux indiquait en effet, qu’une large majorité des Français était comblée par ce nouveau mode de travail. Le second, bien plus pessimiste, faisait état d’une source de détresse pour près de la moitié des salariés français. « Moralité, selon la question posée, on peut faire dire tout ce que l’on veut aux chiffres », concluait alors le journaliste en plateau.

Si les salariés français semblent convaincus par la forme de ce nouveau travail qui leur offre plus de souplesse dans leur vie personnelle ainsi qu’un gain de liberté, certaines réticences se font néanmoins au sujet de ce nouveau système de travail. Les questions du nombre d’heures à faire, de l’isolement, et du droit à la déconnexion, en première ligne.

Dans la réalité, ces deux sondages montrent plus globalement le manque de recul de l’opinion publique, pour apprécier réellement, et à sa juste valeur après deux mois de test concret, la valeur du télétravail et les enjeux que celui-ci incarne. Il démontre cependant que la population n’est pas entièrement séduite, et qu’un changement de statut de travail devrait s’accompagner de certains acquis sociaux primordiaux, que le droit français n’a pas encore défini.

Face à cette nouvelle forme de travail, chaque entreprise a désormais le choix pour ses salariés, de mettre en place ou non, le télétravail. Lorsque celui-ci concerne plusieurs salariés, la loi conseille aux dirigeants de l’entreprise de réglementer cette forme de travail. À travers une charte rédigée issue d’un accord collectif, il s’agit de réglementer les conditions de recours au télétravail ainsi que les modalités de son exercice. Une façon pour les employés comme pour les dirigeants, de tirer un maximum de profit, de cette nouvelle façon de travailler. En somme, la principale difficulté restera de faire accepter cette réforme du système de travail, dans un pays, la France, régulièrement qualifiée d’irréformable par ses autres voisins européens.

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