S’il est une évidence qu’il est toujours opportun de rappeler dans le lobbying, c’est bien celui de la place cruciale et croissante qu’occupe l’État au cœur de la vie et du devenir des entreprises en France depuis la crise sanitaire et économique du Covid-19.
Alors que la Commission des Finances de l’Assemblée nationale examinait cette nuit les crédits de la mission « Plan de Relance » au sein du PLF 2021, le débat sur la conditionnalité des aides publiques aux entreprises devient croissant au sein même des rangs de la majorité parlementaire. Au point qu’un amendement gouvernemental puisse être déposé en Séance publique en ce sens. L’engagement des entreprises pour la réussite de l’action publique dans les territoires devient désormais une boussole stratégique des affaires publiques.
L’impact positif des entreprises comme condition d’impact institutionnel
Fruit des enjeux inhérents à la raison d’être des entreprises, des débats parlementaires sur la loi Pacte ou encore de la nouvelle génération de dirigeants d’entreprises, un consensus politique s’installe aujourd’hui sur la nécessaire contribution des entreprises à la société, non plus par des actions correctrices en marges de leur métier mais au cœur même de leur activité, en raison de leur impact humain, financier, économique, social, environnemental et territorial.
État, entreprises et territoires se conjuguent alors et dépassent la dichotomie classique et stérile du public et du privé : face à un État ambitieux mais aux ressources modestes, les pouvoirs publics comme l’opinion attendent désormais des entreprises qu’elles contribuent résolument au bien commun en s’engageant pour l’intérêt collectif par la transmission de solutions éprouvées, à l’aune de leur expertise et retours d’expériences depuis les territoires où elles sont ancrées.
On aurait tort de penser que ces attentes soient conjoncturelles par le fait d’une crise sanitaire et économique : elles signent au contraire une évolution du registre des affaires publiques, depuis l’éthique de la responsabilité des entreprises vers celle de leur engagement pour la société. Concrètement, on n’attend plus des entreprises qu’elles corrigent leur externalités négatives mais bien qu’elles mobilisent et déclinent leur impact positif. C’est-à-dire leur capacité à opérer de manière tangible des avancées bénéfiques à la société sur le plan économique, social, économique et environnemental. Les exemples sont alors légions : contribuer à la viabilité et la durabilité des territoires en pérennisant l’emploi (développer une offre de formation et d’intégration auprès des jeunes), participer à des enjeux sociétaux (participer de l’égalité salariale homme-femme), environnementaux (réduire la pollution des sols), mais aussi désormais sanitaires (assurer une protection aux salariés et aux citoyens).
▶️ C’est là le signe d’une revitalisation du contrat social entre la puissance publique et les acteurs privés, où l’entreprise a toute sa place à prendre pour concourir à la stabilité de la société et à la durabilité des territoires en co-construisant des solutions éprouvées et en créant du consensus viable dans une société désormais « archipellisée« (L’archipel français, Jérôme FOURQUET, Seuil, 2019).
Désormais, l’impact positif n’est plus une option ou une opportunité mais bien un impératif pour les entreprises en cela qu’il conditionne leur capacité à être réellement écoutée et considérée par les pouvoirs dans leur plaidoyer institutionnel.
De la raison d’être … à celle de ne pas disparaître du débat institutionnel
Les dirigeants qui sauront faire la preuve de l’utilité de leur entreprise dans les territoires et de leur contribution pour la société seront ceux qui, demain, sauront se faire écouter par les pouvoirs publics et pourront plaider leurs positions auprès d’eux avec légitimité, écoute et adhésion.
Face à l’inflation réglementaire et au poids croissant des politiques publiques, aucune entreprise ne peut aujourd’hui se permettre de disparaître de l’espace institutionnel. Il serait illusoire de faire fi des nouvelles attentes des pouvoirs publics envers les entreprises en matière de contribution à la société, et de perpétuer des stratégies de lobbying qui privilégient la « défense » d’une présupposée « influence » et l’obstruction d’un « réseau » immuable, au détriment de la contribution, de l’engagement et de la confiance. L’expérience le démontre : l’impact des affaires publiques dépend bien davantage de l’acceptabilité sociale de l’entreprise que de ses seuls moyens financiers et réticulaires.
C’est pourquoi l’enjeu pour les entreprises est d’incarner pleinement ce rôle inédit de contributeur à la société en devenant de véritables partenaires des pouvoirs publics, car identifiés, écoutés et convaincants dans le plaidoyer de leurs positions.
Toutes parties intégrantes du problème ? Donc toutes parties intégrantes de la solution. À la condition de répondre aux attentes des pouvoirs publics et de décliner et pérenniser leur impact positif au sein de leurs stratégies de lobbying national et territorial.
De l’impact réellement positif au lobbying résolument positif
Le lobbying positif est en réalité tant une stratégie d’action qu’une méthode d’interaction avec les pouvoirs publics, qui allie méthode positiviste (les faits avant les arguments) et approche positive (la contribution avant la sollicitation) : l’objectif est de positionner l’entreprise comme un partenaire incontournable des pouvoirs publics, capable de co-construire et d’inspirer l’agenda public plutôt que de le subir.
En intégrant les attentes des pouvoirs publics envers les entreprises en matière de partage d’expertises, de retours d’expériences et de confiance, les entreprises ont tout à gagner en engageant un lobbying résolument positif, car engagé, expertise et éthique, afin de mieux plaider leurs positions envers les pouvoirs publics :
- 🙏🏻 Un lobbying positif car « engagé » : par une démarche de contribution à l’action publique via la transmission de solutions éprouvées avant de solliciter et vouloir obtenir. Exemple : évaluer l’impact d’une norme juridique dans les territoires pour identifier ce qui fonctionne / dysfonctionne et ainsi mieux faire valoir la position de l’entreprise dans son plaidoyer.
- 💡 Un lobbying positif car « expertisé » : par une logique de preuves systématiques pour mieux asseoir les arguments du plaidoyer de l’entreprise. Exemple : fonder chaque position plaidée par l’entreprise par le concours d’éléments tangibles, expertisés et budgétisés.
- ✅ Un lobbying positif car « éthique » : par une méthode de transparence et de concertation auprès des pouvoirs publics pour créer et pérenniser un lien de confiance. Exemple : publier ses argumentaires et ses données et informer en continu ses interlocuteurs au fil de l’eau pour mieux les alerter et bénéficier de leur support en situation d’urgence.
▶️ Plus concrètement ? En positionnant l’entreprise comme un partenaire des pouvoirs publics, le lobbying positif vise à inspirer l’agenda politique en y inscrivant ses priorités et ses recommandations. C’est par exemple ce qu’a su conduire le secteur industriel français en mettant à l’agenda les enjeux du financements de l’industrie 4.0 et de cybersécurité au sein du « France Relance » et des futurs appels à projets de Territoires d’industries : les contenus des positions papers se sont alors parfois traduits en articles du Projet de loi de Finances 2021 !
Un lobbying positif car multi-bénéficiaire pour l’entreprise
Une stratégie de lobbying positif présente plusieurs bénéfices pour la pérennité des activités de l’entreprise, son développement économique et sa capacité à faire entendre ses positions auprès des pouvoirs publics, parfois face à ses concurrents.
▶️ En effet, le lobbying répond :
- Aux impératifs stratégiques de l’entreprise : être visible par rapport à ses concurrents, être légitime à plaider sa position, avoir de l’impact dans le débat.
- Aux attentes des pouvoirs publics envers les entreprises : expertise, engagement et éthique.
- Aux objectifs institutionnels inhérents à toute stratégie de lobbying pour une entreprise : être identifié comme une référence à suivre, être écouté dans le bruit médiatique, être suivi la plaidoirie de ses positions.
Mieux plaider ses positions par une gestion objectivée du débat institutionnel
Cette approche positiviste du lobbying dépasse les seules arcanes parlementaires et gouvernementales car elle requiert un champ de veille et d’action élargi à l’ensemble du débat public institutionnel : il s’agit alors d’adopter une vue holistique du débat public, allant de la veille du dépôt d’amendement à l’évaluation des signaux faibles dans l’agenda médiatique.
Enfin, cette méthode positiviste du lobbying ne peut faire l’économie d’une approche objectivée : c’est par exemple ce à quoi s’emploie quotidiennement l’équipe affaires publiques de WEMEAN en fondant l’ensemble de nos analyses et recommandations sur la base de données tangibles, objectivées et mesurables, au moyen d’outils et d’algorithmes, notamment grâce à l’agglomération de données de l’open data public.
Toute stratégie d’affaires publiques n’a d’impact durable et crédible que si elle s’inscrit réellement dans le sens révélé par la raison d’être de l’entreprise : c’est bien parce que l’entreprise a pu déployer sa raison d’être et la décliner dans sa raison d’agir qu’elle peut interagir durablement avec ses parties-prenantes et plaider avec impact auprès des pouvoirs publics.
C’est bien là tout le sens du conseil positif ® de WEMEAN, qui fait du sens et de la raison d’être le fondement de la stratégie, la condition de la performance, le levier de l’implication et la clé d’une contribution au bien commun.